Des mots représentant des images, des images formées de mots, un objet formé par des images, une pipe qui n’en est pas une, un homme au chapeau melon sans visage… Et l’artiste de génie René Magritte nous vient rapidement à l’esprit.
Fondée vers la fin du XIXe siècle, en 1888, par le maître-verrier René Lalique, la Maison Lalique s’est illustrée comme la référence en matière de luxe à la française.
La cristallerie se spécialise dans la conception de pièces d’exception : bijoux, flacons et parfums, objets de décoration, architecture d’intérieur, pièces d’art…
Depuis que la manufacture a été rachetée par Silvio Denz en 2008, la Maison Lalique se lance dans le projet Lalique Art, où la cristallerie met son savoir-faire au service d’artistes contemporains et designers connus pour concevoir de nouvelles formes d’art.
Damien Hirst, James Turrell, Yves Klein, Terry Rodgers, Anish Kapoor…
Lalique a collaboré avec tant de grands noms de l’art, mais ses reprises de certaines œuvres du peintre René Magritte sont d’une beauté exceptionnelle.
Cet illustre peintre belge transmet dans ses œuvres la difficulté de l’homme à faire coïncider la réalité du monde avec les images mentales que nous avons.
L’artiste explique que l’image ou la représentation d’un objet n’est pas l’objet lui-même, physique et palpable.
Une biographie de René Magritte : l’homme et l’œuvre
Né le 21 novembre 1898 à Lessines, en Belgique, et mort le 15 août 1967, René François Ghislain Magritte fut une figure importante du surréalisme.
Ce grand artiste du XXe siècle est le fondateur du groupe surréaliste de Bruxelles, qui se distingue de son homologue français par le choix d’objets du quotidien pour exprimer son art.
À la fois peintre, graveur, dessinateur, sculpteur, cinéaste et photographe, René Magritte est fils de Léopold Magritte, homme d’affaires et marchand tailleur, et de Régina Bertinchamps, modiste.
Le petit René passe son enfance à Châtelet, où il se passionne pour les bandes dessinées. Il a tout juste 14 ans quand sa mère se suicide, en 1912 ; son père l’emmène avec ses deux frères s’installer à Charleroi, en Belgique, puisque leur entourage les tient pour responsables de ce drame.
Le futur peintre continue des études médiocrement à l’athénée de la ville, et lit Edgar Allan Poe, Gaston Leroux, Maurice Leblanc, ou encore Stevenson. Il y rencontre Georgette Berger, celle qui deviendra sa femme et son principal modèle. Avec l’avènement de la Première Guerre mondiale, René Magritte est obligé de retourner à Châtelet.
En 1910, à la première année de ses études secondaires, il suit un cours de peinture auprès de l’atelier de Félicien Defoin (1869-1940), un artiste établi à Châtelet.
Il intègre l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, et peint son premier tableau entre 1914 et 1915, dans le style impressionniste.
Il reçoit les enseignements d’artistes appartenant au mouvement artistique Art Nouveau.
De 1921 à 1924, René Magritte travaille comme dessinateur à l’usine de papier peint Peters-Lacroix à Haren.
À cette époque, René Magritte travaille comme décorateur et affichiste, mais reçoit également des rentes paternelles. Dans ses travaux, l’artiste se montre farceur et moqueur, et se rapproche vivement de l’esprit du mouvement Dada. Mais Magritte fera également dans l’art abstrait, s’inspirant notamment du cubisme et du futurisme.
L’artiste sera également influencé par la peinture métaphysique et la reproduction du Chant d’amour de Giorgio de Chirico, alors qu’il travaille pour la publicité, et se lie d’amitié avec le directeur de la revue 391, Francis Picabia.
En 1926, Magritte nage en plein surréalisme, et côtoie Max Ernst, André Breton, Salvador Dalí, ou encore Paul Eluard.
Magritte ne s’entendra pas très bien avec Breton, même s’il réalise l’illustration d’un des ouvrages d’André Breton en 1930 avec son dessin Le Viol.
A Paris, André Breton déploie son art de l’écriture automatique avec son groupe surréaliste parisien ; exploitant la liberté de l’inconscient et les références ironiques.
De son côté, Magritte cherche à créer un choc poétique à partir d’objets réels, tangibles et usuels. Il soutiendra que « le surréalisme revendique pour la vie éveillée une liberté semblable à celle que nous avons en rêvant. »
Ce principe devient évident lorsque nous répertorions les images qui nous viennent à l’esprit en pensant à René Magritte : une pipe, un chapeau melon, une pomme…
Dans ses œuvres, l’artiste associe des objets qui n’ont aucun lien apparent, ou des objets que tout oppose.
En 1948, René Magritte peint une quarantaine de tableaux et gouaches dans le style Fauve grossier et provocateur, pour sa première exposition personne dans la Galerie du Faubourg à Paris. Ce sera ce qu’il appelle sa « Période Vache » ; aucune de ses œuvres ne vend à Paris.
Il n’est pas difficile de déceler les motifs récurrents chez Magritte, qui constituent un véritable alphabet pictural : la pomme, le chapeau melon, l’homme au chapeau melon, l’oiseau, les corps morcelés… Ces motifs sont généralement représentés de manière fidèle, mais les tableaux offrent toujours au moins deux niveaux de lecture possibles : le visible et l’invisible.
Cette association singulière d’objets, cette rencontre fortuite va provoquer chez le spectateur un effet poétique d’une plus grande ampleur. C’est cette importance d’objets du quotidien dans ses peintures que Lalique a souhaité transposer dans ses œuvres en cristal.
Musée René Magritte
Aujourd’hui, René Magritte est honoré par un musée qui lui est consacré : le Musée Magritte Museum, situé à Bruxelles.
Le musée peut se vanter de détenir la plus importante collection d’œuvres de Magritte au monde, avec 230 œuvres et archives, composées de dessins, gouaches, tableaux, sculptures, des affiches publicitaires, divers objets peints, des photographies, des films, mais aussi des partitions de musique.
Le Musée Magritte Museum reçoit chaque année plus de 300 000 visiteurs provenant des quatre coins du globe pour découvrir les œuvres de René Magritte.
Le musée est situé Place Royale, 1-1000 Bruxelles, et vous pouvez trouver des informations utiles sur les horaires d’ouverture du musée en allant sur le site du Musée Magritte Museum.
Quels sont les tableaux les plus connus de Magritte ? Voici quelques œuvres d'art surréalistes de l'artiste, repris par Lalique
René Magritte de trahison des images : Ceci n’est pas une pipe.
Le tableau le plus célèbre de René Magritte est certainement le chef-d’œuvre intitulé « La Trahison des images », représentant une pipe magnifiquement peinte, avec la légende : « Ceci n’est pas une pipe. »
Cette peinture à l’huile représente à la perfection le précepte de l’artiste : « Dans un tableau, les mots sont de la même substance que les images ».
Lorsque Magritte envoya une reproduction de cette œuvre à Michel Foucault, il ajouta : « Le titre ne contredit pas le dessin ; il l’affirme autrement ». En effet, même si la pipe est dessinée de la manière la plus réaliste qui soit, elle n’est pas une pipe que l’on pourrait bourrer, ni fumer, comme une « vraie pipe ».
En 1943, lors de la période d’occupation par l’armée allemande, Magritte voulait reproduire ce tableau, mais se ravisa, par crainte de se faire traiter de fou.
Une peinture Magritte connue : Le chapeau melon
Intitulé Le Bouchon d’épouvante, le chapeau melon est la seule œuvre de René Magritte qui soit réalisée à la fois sous forme d’objet et de tableau.
Le chapeau melon ou l’homme au chapeau melon est d’ailleurs devenu la représentation de l’artiste et de son œuvre, comme Magritte avait l’habitude de porter un chapeau melon en ville.
Pour réaliser l’objet, René Magritte avait d’abord demandé à Marcel Mabille, à qui l’œuvre était destinée, d’acheter le chapeau. L’artiste a ainsi envoyé à ce collectionneur une lettre détaillant le chapeau à acheter, les étiquettes ainsi qu’un dessin.
Dans cette fameuse lettre, l’artiste a pris soin de décrire précisément la manière dont le chapeau devait être représenté. C’est en tenant compte de cette description détaillée fournie par l’artiste que Lalique a réalisé Le Bouchon d’épouvante en cristal incolore.
Il s’en est sorti un véritable chef-d’œuvre respectueux de l’œuvre initiale de l’illustre peintre René Magritte, réalisé sur la base du talent d’un certain René Lalique, qui a, en plus du prénom, en commun avec le peintre le génie, l’imagination, et l’art.
Objets courants dans la peinture et les portraits Magritte : la pomme masquée
La pomme masquée est présente dans une douzaine de tableaux peints par René Magritte. Ce sujet le passionne particulièrement, et est représenté pour la première fois pour la couverture du magazine View en 1946.
Par la suite, les pommes masquées seront peintes seules ou en binôme ; sous le soleil ou à l’ombre ; cachant le visage d’un homme ou remplaçant carrément sa tête… portant un titre qui n’est pas plus une explication qu’une interprétation.
Parfois, le spectateur a la possibilité de faire une association d’idées à travers la légende inscrite par l’artiste, les images représentées par le tableau, ainsi que les faits historiques de l’époque.
Ainsi, d’aucuns ont fait le lien entre le tableau « Le Prêtre marié » représentant deux pommes masquées, et au roman du même nom, de l’auteur Barbey d’Aurevilly, qui raconte l’histoire d’un prêtre qui a quitté son état monastique pour devenir scientifique. René Magritte y fait d’ailleurs allusion dans une de ses Lettres à Marcel Mariën (1937-1962), R. Magritte, La Destination.
Avec sa technique de la cire perdue, la maison Lalique a également reproduit les deux pommes masquées du Prêtre marié en cristal. Une reproduction des plus fidèles de l’œuvre de l’illustre artiste René Magritte.
Le Bain de cristal
La plus grande réussite de Lalique dans la reprise des œuvres de René Magritte est sans conteste la girafe toute entière contenue dans un verre de cristal, inspiré de la gouache nommée Le Bain de cristal.
Initialement, cette image est sortie de l’imagination de René Magritte lorsque l’artiste avait pour projet d’illustrer un recueil de poèmes de Paul Eluard intitulé « Les Nécessités de la vie et les conséquences des rêves, précédés d’Exemples », en 1946.
Une deuxième version vit le jour plus tard, avec un style impressionniste, proche de celui du peintre Auguste Renoir.
Après la guerre, Magritte voulait ajouter de la joie et des couleurs vives pour oublier les noirceurs de la guerre. Il s’adonne ainsi à des exercices de style, cherchant la pureté des couleurs, passant du lustré au velouté, du luisant au soyeux, tout en conservant la particularité des matières.
Dans sa reproduction du Bain de cristal, la cristallerie Lalique a su capter cet esprit, associant le cristal poli au cristal sablé, et transmettant le rendu des matières et de la lumière. Une véritable réussite artistique tant dans l’échelle que dans le rendu !
L’Empire des lumières
L’Empire des lumières est un des chefs-d’œuvre les plus connus du XXe siècle. Il s’agit d’une série de 17 peintures à l’huile que René Magritte a peintes entre 1953 et 1954.
Les tableaux représentent une maison, la nuit, sous un ciel de jour, avec deux fenêtres allumées, et un lampadaire éclairant ses environs immédiats.
L’Empire des lumières fait partie des tableaux les plus connus et les plus chers peints par René Magritte, avec La Trahison des images (avec la légende « Ceci n’est pas une pipe »), le Fils de l’Homme, Les Amants et Le Principe du plaisir.
En mars 2022, un tableau L’Empire des lumières a été vendu à 59,4 millions de livres (environ 67 millions d’euros) sur Sotheby’s.
Les Amants
Les Amants fait partie des œuvres surréalistes signées René Magritte. Peinte en 1928, cette toile représente un couple s’embrassant sur les lèvres, avec les visages couverts par un drap.
Mis à part le visage partiellement couvert, René Magritte reprendra également le sujet d’un homme et d’une femme debout, avec le visage recouvert d’un drap blanc.
Le tableau Les Amants est actuellement conservé au MOMA (Museum Of Modern Art) de New York.
Pourquoi Magritte cache les visages comme dans Le fils de l’homme ?
Le Fils de l’homme est un tableau peint par René Magritte en 1964. Celui-ci représente un homme debout devant un muret et un paysage marin, coiffé d’un chapeau melon et d’une veste noire.
Le personnage a une pomme verte devant le visage, ne laissant apparaître que son œil gauche. La toile donne au spectateur l’envie de découvrir le visage de l’homme, qui ne sera pas possible, incitant irrémédiablement à l’imagination.
Quel drame familial a marqué René Magritte ?
Lorsque la mère de René Magritte se suicide par noyade dans la Sambre en 1912, son corps sera découvert avec le visage caché partiellement par sa chemise de nuit, et laissant apparaître son œil gauche.
Il se peut que ce soit cet événement terrifiant et traumatisant que l’artiste reproduit dans cette œuvre nommée Le Fils de l’homme.
Quel est le premier tableau de Magritte ?
Peint en 1926, Le Jockey perdu est considéré comme le premier tableau de René Magritte. Après cette première tentative, il va intégrer le groupe des surréalistes belges, aux côtés de Camille Goemans, Louis Scutenaire, Nougé ou encore Mesens.
La toile représente un jockey galopant à l’intérieur d’une forêt de quilles. Il existe de nombreuses versions de ce fameux tableau dans les différents musées du monde et chez les particuliers.
Après ce premier tableau, René Magritte va exposer plus de soixante toiles à la galerie Le Centaure de Bruxelles.
Sources : Magazine Lalique, 2023.
