Ce nouveau musée à Baccarat va ravir les amoureux du verre tout comme les amateurs de fragrances. Le musée du flacon de parfum de Baccarat va présenter l'une des collections de parfumerie les plus complètes au monde, l'oeuvre d'une vie, celle de George Stam, gentleman collectionneur.
L'exposition prélude des flacons de parfum, bientôt un musée !
Une infime partie (environ 10%) de l’immense collection de flacon de parfum de George Stam est présentée au Pôle Bijou de Baccarat.
L’exposition prélude « Le flacon en majesté, esprit d’une collection » est une préfiguration du futur musée du flacon de Baccarat qui prendra place au sein de l’ancien château de Gondrecourt.
Ce bâtiment du XVIIIe siècle, acquis par la ville de Baccarat, offrira un espace d’exposition de 600 m2 et abritera une salle de conférences, les collections temporaires et permanentes du musée ainsi qu’un salon de thé panoramique !
Cette histoire d’amour entre George Stam et le flacon débute à Genève, il y a une trentaine d’années, lorsqu’il déniche chez un antiquaire Suisse un flacon Guerlain, en cristal de Baccarat.
Depuis ce jour, George Stam collecte aux quatre coins du monde ces témoins de notre patrimoine français.
C’est tout naturellement vers la ville de Baccarat que George Stam se tourne pour faire vivre sa prolifique collection, en effectuant un don via une fondation.
L’entrée au Pôle Bijou est libre, 13 Rue du Port. Profitez-en pour compléter votre visite de la ville avec le musée du cristal.
Terminez votre découverte par notre point de vente, qui présente les créations des quatre illustres cristalleries régionales, Baccarat, Daum, Lalique et Saint-Louis.
Du flacon hygiéniste au flacon artistique
L’origine du parfum remonte à l’Antiquité. Les Egyptiens brûlaient des essences aromatiques lors des cérémonies religieuses.
Durant la Renaissance, l’usage du parfum est fréquent chez les reines et courtisanes. Les flacons en verre se démocratisent dès le XVe siècle, période où les premières verreries sont établies en Lorraine.
La collection exposée retrace les grandes périodes du parfum, glissant du tableau floral de l’Art nouveau vers la géométrie caractéristique de l’Art Déco, en passant par les créations actuelles des cristalliers, commanditées par les couturiers-parfumeurs.
L’exposition du musée du flacon de parfum regroupe également de rares coffrets, des cosmétiques et des vestiges de la réclame du XIX et XXe siècle.
L’art du flacon se divise en deux parties :
- La parfumerie hygiéniste et pharmaceutique du XIXe siècle.
- La parfumerie artistique du XXe siècle, qui prend son envol lors de l’Exposition universelle de 1900, triomphe de l’Art Nouveau, un art naturaliste s’inspirant de la femme, la faune et la flore.
Les découvertes scientifiques de Louis Pasteur ou de Pierre et Marie Curie bouleversent les idées en place. L’eau, préalablement signe de germes, voit son image renouvelée : elle devient bienfaisante.
Cette considération hygiéniste s’étend au parfum, où l’eau de Cologne est un produit pharmaceutique pour ses propriétés désinfectantes et stimulantes. Le parfumeur est alors pharmacien.
Pierre-François Pascal Guerlain (1798-1864), fondateur de la maison en 1828, n’échappe pas à cette règle. Le parfumeur hygiéniste propose des produits tels que l’Eau Lustrale pour la chevelure, la Crème aux Limaçons ou le Lait de Concombres.
Peu à peu, aux prémices du XXe siècle, les fioles pharmaceutiques vont laisser place à des flacons artistiques sous la direction de son neveu, Jacques.
Avec Shalimar, parfum emblématique lancé en 1925, Guerlain s’impose en maître.
En 1900, la création foisonne, caractérisée par une recherche graphique accompagnée d’un nouveau langage des formes.
L’âge d’or de la parfumerie crée des formes sophistiquées et modernes, c’est le nouveau flacon de parfum. Mais attention, le flacon ne suffit pas, la présentation du parfum est aussi essentielle.
Les parfumeurs font appel aux coffretiers, layettes et gainiers, où la dorure à chaud, le laquage, le gaufrage, le gainage de papier, de cuir ou de tissu sont les maîtres mots.
Ces multiples supports, étuis, coffrets, vinaigrettes, visibles au musée du flacon de Baccarat, s’adaptent au mode de vie d’une clientèle fortunée.
Admirez ce poudrier, flacon d’extrait et étui de rouge à lèvres, en laiton et résine, commercialisés par Coty Inc dans les années 1940.
Quand le flacon devient objet d'art
En 1673, la découverte du cristal par le marchand George Revenscroft permet d’atteindre une nouvelle étape dans l’excellence, la création de flacon taillé, satiné dépoli, en cristal, d’un éclat incomparable.
Dès le XVIIIe siècle, la parfumerie française s’affirme à travers de merveilleux objets de parfumeries, associant esthétique et qualité artisanale.
L’industrialisation croissante du XIXe siècle, associée au développement des premières grandes maisons de parfum (James H.Credd 1715, Houbigant 1775, Guerlain 1828), transforme l’esthétique du flacon.
Une rencontre va bouleverser la perception du flacon à parfum. En 1904, François Spoturno, dit François Coty, grand parfumeur parisien, décide de s’associer à René Lalique, maître verrier, artiste de génie, passant d’égal talent de l’Art nouveau à l’Art déco.
Cette association entre artiste, designer et parfumeur sera un succès éblouissant, dont tous témoignent. Pour la première fois, le contenant a plus de valeur que le contenu.
René Lalique produira des flacons en verre soufflé, moulé et pressé, en série et de manière semi-industrielle dans un but : produire plus à un prix raisonnable.
On retrouve ici l’idéal social et politique de l’École de Nancy, celui d’un art pour tous, prôné par Émile Gallé, nécessitant le recours à la production industrielle.
« Donnez à une femme le meilleur produit que vous puissiez préparer, présentez-le dans un flacon parfait, d'une belle simplicité mais d'un goût impeccable, faites-le payer un prix raisonnable, et ce sera la naissance d'un grand commerce tel que le monde n'en a jamais vu. »
François Coty Tweet
Tout au long de l’exposition du musée du flacon, un élément nous frappe.
Le flacon, à lui seul, reflète la personnalité de la fragrance, il reflète l’identité et l’ADN du parfumeur, du couturier.
Cet écrin de prestige en fait un objet de désir. Le travail, artisanal, donne un caractère unique à chaque flacon. Le Bouchonnage à l’émérie du flacon, initié par René Lalique, permet un ajustement parfaitement hermétique, rendant ainsi la pièce unique.
Aujourd’hui, le flacon est véritablement perçu comme un objet d’art.
Les collectionneurs, souvent des hommes, sont de plus en plus nombreux à se bousculer en salle des ventes.
Pourquoi un tel enthousiasme ? Peut-être que ces flacons représentent les derniers vestiges d’un Paris de la Belle Époque, des Années folles, d’une vie riche et extravagante.
L’exposition internationale des Arts Décoratifs de 1925 qui se tient à Paris marque la reconnaissance internationale du flaconnage artistique, tout comme l’apogée de l’Art déco, mouvement artistique en complète opposition avec le foisonnement décoratif de l’Art nouveau (1890-1914).
L’art du flaconnage artistique est alors reconnu comme un savoir-faire d’exception, au même titre que la joaillerie. Les grands parfumeurs, tout comme les grands couturiers, vont alors faire appel aux cristalleries françaises pour la réalisation de leur flacon, à leur image.
C’est ainsi que la région Grand Est, berceau de l’art du feu, joue un rôle essentiel au sein de la parfumerie française. Quel plaisir de voir ce musée du flacon de parfum s’installer en Lorraine, terre de savoir-faire.
Paul Poiret sera le premier couturier parfumeur, créateur de la robe à taille haute.
Coup de génie, Poiret le Magnifique offre ses premiers parfums lors de soirées costumées où l’élite parisienne se presse. L’association de la haute couture et du parfum est une première, la théâtralisation du parfum entre en scène !
Si vous appréciez ce contenu, rendez-vous sur l’article suivant : 12 anecdotes qui racontent l’histoire du parfum.
Gabrielle Chanel emboite le pas à Paul Poiret et lance son premier parfum, Chanel N°5, en 1921. Suivront N°22, Bois des îles, Cuir de Russie, Bleu 1940, Une idée …
Les signatures verrières qui ont oeuvré dans l'art du flaconnage
Débutons avec le grand maître, René lalique, qui a révolutionné l’art du flaconnage au XXe siècle.
Sculpteur de lumière, la cristallerie Lalique poursuit la production de flacons en cristal, numérotés et limités.
Découvrez nos flacons Lalique France en ligne en suivant ce lien.
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14xxcm
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14xxcm
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11.5xxcm
La cristallerie Baccarat édite son premier flacon en 1860.
Ils sont de formes classiques, et une surface plane permet d’y apposer l’étiquette du parfumeur, gravée ou lithographiée.
En 1901, Baccarat présente le flacon amphore, aux lignes évoquant l’antiquité. Ce modèle, choisit par Christian Dior, sera décliné en différentes couleurs teintées dans la masse.
« C'est au total plus de 150 parfumeurs avec lesquels les cristalleries de Baccarat ont travaillé »
M. Haluk - Directeur de recherches à l'Ensaia-INPL Tweet
Enfin, la cristallerie Daum, acteur majeur de la verrerie d’Art Lorraine, est également présente à cette exposition.
Spécialiste de la pâte de cristal et du moulage à la cire perdue, les flacons Daum France sont encore commercialisés pour le plus grand plaisir des amateurs d’art.
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10xxcm
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14xxcm
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12.5x7.5x7.5cm
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12x6.5x2.5cm
À partir des années 1960, les parfumeurs font connaissance avec le plastique. Bien plus économique, la production artisanale laisse place à une production industrielle et mécanisée.
Pour en savoir plus sur cette fabuleuse collection, procurez-vous l’ouvrage « Le flacon en Majesté, Esprit d’une collection » d’Anne Camilli.
Visites
Les visiteurs ont la possibilité de la découvrir en entrée libre du mardi au dimanche de 10h à 12h30 et de 14h à 17h30.