Retour sur l’histoire des Émaux cernés de Longwy à travers ces 10 dates clés. Fondée en Lorraine il y a de cela 220 ans, cette manufacture de faïence est célèbre dans le monde entier pour son savoir-faire inscrit à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel en France.
À l’origine du surnom « Cité des Émaux » de la ville depuis le XIXe siècle, les Émaux de Longwy nous emmènent dans un univers artistique coloré et de haute qualité.
Installée dans la ville de Longwy, dans un ancien couvent carmélite, en région Grand Est, cette maison iconique perpétue un savoir-faire unique et une tradition artisanale qui font la fierté de toute la Lorraine.
Pour mieux comprendre cette place tenue par la faïencerie, revenons quelques années en arrière pour découvrir son histoire et tout ce par quoi elle est passée.
Avant les Émaux haut de gamme, la maison se tenait uniquement à la fabrication de services de table. À l’heure actuelle, elle dispose d’une large gamme de collections d’objets d’art de la vie de tous les jours vitrine du talent à la française.
Ensemble, retraçons l’histoire de la manufacture des Émaux de Longwy, l’une des plus anciennes maisons de fabrique de faïence encore en activité.
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1798, création des Faïenceries de Longwy, dans le département de la Moselle, par Charles Régnier
Nous sommes dans les années 1798, la manufacture des Émaux de Longwy voit le jour dans la ville du même nom, dans l’actuel département de la Meurthe-et-Moselle, à la frontière de la Belgique et du Luxembourg.
La maison a été fondée par Charles Régnier et se consacrait exclusivement à la production de pièces traditionnelles et de services de table.
Très rapidement, la manufacture a fait parler d’elle dans tout le pays, sans doute grâce à la qualité de ses produits que l’on n’avait jamais retrouvés jusqu’ici.
L’Empereur Napoléon Ier en personne était l’un des acheteurs des collections de la faïencerie.
De retour d’une visite des fortifications de Vauban, il passa effectivement une commande de services de table auprès de la manufacture des Émaux de Longwy.
Ces derniers devaient être offerts en guise de don aux Maisons d’éducation de la Légion d’honneur.
1814-1815, arrêt d’activité pour cause financière
Entre l’an 1814 et 1815, la manufacture était contrainte de stopper sa production devant la difficulté économique à laquelle le pays devait faire face.
Un arrêt d’activité influencé par les deux guerres napoléoniennes, mais également en raison du fait que la ville ait été devenue le lieu de campement des Prussiens.
1816 : Rachat de l’entreprise par Jean-Antoine de Nothomb, le début d’une nouvelle aventure pour la faïencerie
Un an après cet arrêt forcé, en 1816, une partie de l’activité de l’entreprise a pu redémarrer.
Toutefois, cela n’a pas empêché la mise en vente de la manufacture par son fondateur Charles Régnier.
Cette dernière fut acquise par l’ancien colonel et époux de Marie-Catherine Boch « Jean-Antoine de Nothomb ».
Les nouveaux propriétaires prirent la décision de conserver l’idée de Charles Régnier en développant davantage la vente et production de la manufacture avec des nouvelles pâtes et émail au blanc fin.
Et ce, jusqu’au décès de Nothomb en 1835.
1835, la famille d’Huart se retrouve à la tête de la manufacture
À la mort de Jean-Antoine de Nothomb, sa fille « Marie-Catherine Nothomb » hérite de l’entreprise.
Son époux Henri-Joseph d’Huart, le souverain belge, reprend les règnes de la manufacture de son défunt beau-père.
De nature créative et intrépide, à son tour, il améliora les méthodes de fabrication de l’entreprise.
Ce qui a permis de la moderniser et de mieux la valoriser sur le marché.
L’idée d’installer des fours à coke dans les ateliers venait notamment de Henri-Joseph d’Huart. Il en est de même pour l’invention de la nouvelle glaçure et des techniques d’impression sur faïence.
Une innovation ayant grandement contribué à l’essor de l’entreprise qui s’est vue récompenser de médailles honorifiques à plusieurs reprises.
En 1866, la manufacture est remise entre les mains des deux fils de Henri-Joseph d’Huart « Fernand et Hippolyte ».
1870, vers la naissance des Émaux cloisonnés signés Émaux de Longwy
Désormais à la tête de la manufacture, c’est au tour des fils de Henri-Joseph d’Huart de faire leurs preuves.
Pour cela, Fernand et Hippolyte ont opté pour l’inscription d’une signature au dos de chaque pièce sortie de l’atelier de la manufacture.
Des armoiries qui se reconnaissaient aux feuilles de houx typiques de la maison.
Devant l’engouement pour les pièces cloisonnées originaires de l’Extrême-Orient, les héritiers de la famille d’Huart contactent le grand céramiste et verrier français du nom d’Amédée de Caranza.
Cette démarche signe la naissance des légendaires Émaux cloisonnés de Longwy, rapidement devenus une spécialité de cette ville de la Lorraine.
Leur objectif : lutter contre l’invasion des produits asiatiques dans le monde de la poterie en proposant des motifs originaux sur leurs faïences.
C’était d’ailleurs à cette période que la déco en semis de fleurs qui font la renommée de la maison a été créée.
1918, vers le succès mondial des Émaux de Longwy influencé par son expertise et le style Art déco
Fort du succès des pièces réalisées en collaboration avec Amédée de Caranza, les deux frères font venir d’autres céramistes, peintres et sculpteurs dans leur atelier.
Ces derniers avaient pour mission de préserver la notoriété de la manufacture et d’aider dans la production de pièces encore plus originales et modernes.
Parmi les artistes qui ont répondu présents aux demandes de Ferdinand et Hippolyte d’Huart, nous avons le Charle RudHart, le sculpteur français Aristide Onésime Croisy, Ernest Quost…
Dès la fin du XIXe siècle, la faïencerie bénéficie d’une renommée mondiale avec une collection d’œuvres prestigieuse.
L’arrivée du mouvement Art déco en 1918 a également permis de repousser encore plus loin les limites artistiques de la manufacture des Émaux de Longwy.
Les artistes à l’instar de Claude Lévy, Jean Olin et Raymond Chevallier se sont effectivement mis à collaborer avec la faïencerie des Émaux de Longwy.
Tous ensemble, ils ont donné naissance à des motifs et formes plus tendance et uniques.
Un succès scellé par la participation de la manufacture à l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes l’an 1925.
La Seconde Guerre mondiale sera le frein à ce succès de la fabrication et vente des émaux.
1929, la phase de déclin de l'entreprise de fabrication de faïence à Longwy
Aux États-Unis, une crise boursière appelée krach de 1929 éclate et la France n’en est pas épargnée.
La preuve : l’activité de la manufacture des Émaux de Longwy s’est retrouvée en baisse de 1930 à 1931.
Peu à peu, le nombre de personnes travaillant pour la maison était aussi réduit pour finalement cesser l’activité de la faïencerie en 1939.
Une dure période pour l’économie et l’entrepreneuriat français.
1945, l’activité de l’entreprise redémarre de plus belle !
En 1945, la manufacture reprend du service avec un effectif de 250 ouvriers.
Maurice Paul Chevallier, cousin de Raymond Chevallier (l’un des collaborateurs des frères d’Huart), est à la tête de la direction artistique.
Christian Leclerq, l’ancien élève de Maurice Paul Chevallier titré meilleur jeune apprenti décorateur de France l’accompagna dans cette tâche avant d’être nommé au rang de responsable des Ateliers Artistiques de la faïencerie en 1972.
1950-1970, signature d’un partenariat avec les géants du design et de la mode
Devant le succès des faïences de Longwy, l’entreprise décide d’arrêter définitivement la production de services de tables en 1950.
Une période de renouveau que la maison a tenu à marquer avec son ralliement aux leaders du design et de l’univers de la mode comme Roger Capron, Primavera des magasins du Printemps…
L’idée étant de produire des objets d’art tant décoratif que moderne accessibles à tous les goûts et budgets.
1988, de l'obtention du prix « Entreprise du Patrimoine Vivant » à nos jours
En peu de temps, les Faïenceries de Longwy se sont imposées comme étant les pionniers de l’art de l’émail sur le continent européen.
Leur collection habillée d’une grande finesse était exportée partout dans le monde pour être admirée par les plus connaisseurs.
Grâce à sa parfaite maîtrise de la technique de décoration sur faïence et ses idées innovantes, Christian Leclerq a su hisser la manufacture au sommet de l’artisanat français.
De telle sorte que la faïencerie des Émaux d’Art de Longwy a obtenu le label de l’Entreprise du Patrimoine Vivant en 1988.
Un héritage culturel pour les générations futures encore valorisé de nos jours à travers l’expertise apportée à chaque produit sortant des ateliers de la manufacture des Émaux de Longwy.