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    Désiré Jean-Baptiste Christian, dans l’ombre d’Émile Gallé

    Vous connaissez la production verrière de l’Ecole de Nancy ? Vous devez aussi connaître Emile Gallé… mais peut-être moins Désiré Christian, qui fut toutefois l’émailleur le plus brillant de sa génération…

    Artisan verrier talentueux, Désiré Jean-Baptiste Christian évolue longtemps sous l’influence de l’éminent Emile Gallé, industriel, maître verrier, ébéniste et céramiste.

    Mais l’artisan fera suffisamment preuve de créativité, d’audace et d’initiative pour sortir de l’ombre.

    Avant d’approfondir le sujet, quelques mots afin de nous présenter.

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    Nous perpétuons la tradition de nos ancêtres, les frères Vessière à Nancy, de talentueux artisans verriers du XIX et XXe siècle.

    Qui était Désiré Jean-Baptiste Christian ?

    Fils de Jean-Baptiste Christian, Désiré Jean-Baptiste Christian est né quelques jours après Emile Gallé, le 23 mai 1846 à Lemberg, en Moselle. Dès 1859, il est engagé comme apprenti dans l’atelier de décoration de la verrerie de Meisenthal.

    Ses parents, Jean-Baptiste Christian et Odile Lutz, auront neuf enfants, dont deux se lanceront dans la verrerie d’art : François et Désiré Christian. Ce dernier se marie avec Julie Lena Hilt en 1873, et donne naissance à Marie-Augustine et Armand, qui deviendront ses associés dans son atelier verrier familial dès 1899.

    Aucun document ne permet d’affirmer si Désiré a suivi une quelconque formation artistique spécifique, mais l’on sait qu’il parle et écrit très bien la langue française.

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    Verrerie d'art de Lorraine : Désiré Christian à la verrerie de Meisenthal

    C’est Charles Gallé-Reinemer, le père d’Emile Gallé, qui remarqua les talents de Désiré Christian en 1860, quand Charles était chef de file de l’Ecole de Nancy. Désiré intègre ainsi, dès 16 ans, les ateliers de Nicolas Matthieu Burgun à Meisenthal.

    Avec un autre apprenti, Eugène Kremer, Désiré Christian se montre beaucoup plus talentueux que ses pairs en tant qu’émailleur. L’histoire se souviendra de lui comme un peintre-émailleur fort talentueux.

    C’est ainsi en toute logique qu’il est nommé responsable de l’atelier de décor de la société Burgun-Schverer.

    La verrerie de Meisenthal produit des services verriers de qualité depuis le début du XIXe siècle, héritant des traditions des anciennes usines du Pays de Bitche, au nord-est de la Moselle, en Lorraine. Mais, les relations commerciales entre Nicolas Mathieu Burgun et Charles Gallé-Reinemer ne furent établies que vers 1860.

    C’est Désiré Christian qui va être le principal interlocuteur des Gallé à Meisenthal.

    La guerre franco-prussienne de 1870 le pousse à s'imposer dans la création

    Du 19 juillet 1870 au 28 janvier 1871, la guerre franco-prussienne va interrompre les communications entre Nancy et Meisenthal pendant quelques mois. Cette guerre franco-allemande voit l’annexion de la Lorraine.

    Désiré Christian se voit alors attribuer l’exécution du décor à l’émail commandé par Nancy.

    Privé de ses communications avec les Gallé, Désiré Christian prend l’initiative de prendre des décisions, parfois risquées. Il en sera d’ailleurs récompensé. Il conçoit sa production sous une grande influence de la production de Gallé.

    Plus tard, en 1877, Gallé le nomme responsable des verriers, avec l’assistance d’Eugène Kremer, alors apprenti, mais qui deviendra également un grand nom de l’art verrier lorrain.

    Désiré Christian recevait en moyenne 1514 francs par mois, une grande somme pour l’époque. Ce qui était normal, puisqu’il avait sous sa responsabilité cinq ou six ouvriers graveurs, émailleurs et dessinateurs.

    Chaque ouvrier gagnait 5 francs par jour, les apprentis 1 à 2 francs par jour, et Désiré Christian, lui, recevait entre 6 et 8 francs.

    Les relations entre Meisenthal et Nancy se dégradent vers la fin de l’année 1893. Vers 1894, avec Joseph Burgun, Gallé ouvre sa première verrerie à Nancy, qui sera le berceau de l’Art Nouveau. Celui-ci va alors recruter d’autres artistes talentueux tels que Louis Hestaux, qu’il nommera responsable de l’atelier dessin.

    Après la mort de Nicolas Matthieu Burgun, Antoine Mathieu Burgun reprend les rênes, mais maintient le style Art Nouveau dans ses créations de verrerie.

    Ne souhaitant pas intégrer la cristallerie de Gallé, Désiré Christian et Eugène Kremer vont rester dans les ateliers BURGUN-SCHVERER.

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    En 1896, Désiré Christian crée son propre atelier

    En 1896, Désiré Christian décide de s’installer à son propre compte, et quitte ainsi l’atelier de verrerie Burgun-Schverer. Il s’associe alors avec sa fille Marie Augustine, son fils Armand et son frère François.

    Il établit son atelier « Cristaux et céramiques d’art » route de Soucht, à proximité de la verrerie de Meisenthal, non loin de l’approvisionnement en « blancs ».

    Lors de l’exposition de Strasbourg en 1895, des relations s’établissent entre Désiré Christian et le Cercle de Saint-Léonard, un groupement d’artistes alsaciens créé par Charles Spindler et Anselme Laugel. En effet, d’après les Mémoires Inédits de Charles Spindler, il est venu à Vallerysthal en vue de la préparation de l’exposition universelle de 1900.

    La Revue alsacienne illustrée mentionne régulièrement Désiré Christian de 1901 à 1908. Dans le cadre de l’exposition de Turin, le marqueteur de Saint-Léonard crée une section destinée aux artistes alsaciens, et fera l’éloge de Désiré Christian et d’Elchinger. L’atelier de Christian remportera, d’ailleurs, la médaille d’or de cette exposition.

    Depuis, les œuvres de l’artisan verrier sont régulièrement présentées par la Maison d’Art alsacienne.

    La consécration lors de l'Exposition universelle de 1900 : le décor intercalaire Désiré Christian

    La société Burgun-Schverer présente pour la première fois la technique du décor floral en camée et à émail intercalaire en 1895, à Strasbourg. L’enseigne sera récompensée par une médaille d’or.

    L’art et les talents de Désiré Christian ne furent révélés au grand public que pendant son exposition à Munich en 1899, ainsi que lors de l’Exposition Universelle de Paris de 1900. Dans une lettre de Gallé, celui-ci précisait qu’une vingtaine de peintres-émailleurs et graveurs est mobilisée pour le domaine de la verrerie.

    Désiré Christian et ses collaborateurs seront gratifiés par une médaille d’argent, avec une mention honorable.

    En 1901, l’artisan verrier expose à Dresde, et remporte la médaille d’argent à Saint-Pétersbourg. Il exhibe ses pièces à Turin et à Munich en 1902.

    Pendant les années qui suivent, il va exposer à différents endroits, dont au Missouri (Etats-Unis) en 1904, où il gagnera la médaille d’or ; à Dresde en 1906 avec Spindler ; ainsi qu’à Metz et Krefeld, où il présente la production de son atelier, mais aussi quelques anciennes productions de Gallé.

    Conservées au sein du musée de Meisenthal, ses productions se caractérisent par des formes simples, une gravure à l’acide ou encore des décorations à l’émail rehaussé d’or.

    Fortement influencée par les œuvres d’Emile Gallé et de l’Ecole de Nancy, la production de Désiré Christian s’inspire principalement de la nature, mais aussi du japonisme, du style rocaille et de l’orientalisme.

    Néanmoins, l’artisan verrier réussit à sortir de l’ombre de son maître en mettant en œuvre son talent exceptionnel de décorateur.

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    Un atelier complet était destiné à la production des vases de la société Gallé-Reinemer, dans le pur style Art nouveau

    De son côté, en 1893, Gallé achète 12 ha de terrain pour garantir l’indépendance de la production verrière de l’enseigne. Sous le parrainage d’Henriette Gallé, en 1894, un nouveau four est mis à feu pour la première fois.

    C’était un four à quatre pots et dix places de verriers, installé dans un nouveau hall. La maison recrute plus de talents, dont Julien Roiseux, incontestablement le meilleur souffleur en activité à l’époque.

    Conçues essentiellement dans le style Art Nouveau, les vases Gallé-Reinemer attirent l’engouement des consommateurs. Ce style aux manifestations diverses et variées se caractérise par trois principes fondamentaux, à savoir l’identité nationale, le rapport à l’industrie, ainsi que la volonté de moderniser.

    Les Alsaciens-Lorrains, l’exode rural et l’armée participent à l’essor démographique de Nancy. La population de la ville de Nancy passe ainsi de 53 000 habitants en 1872 à 120 000 en 1911.

    Cette évolution de la démographie favorise celle de l’entreprise Gallé-Reinemer. En effet, les Alsaciens-Lorrains ont apporté plus que de la main-d’œuvre, ils mettront également à contribution leurs capitaux, leurs savoir-faire, leur esprit d’entreprenariat…

    Aujourd’hui, une exposition artistique du musée du verre de Meisenthal comporte toute une collection de verrerie Burgun-Schverer, dont des œuvres de Gallé, bien entendu, mais aussi celles de Désiré Christian, Eugène Kremer et Auguste Houillon.

    À lire aussi : 5 lieux Art nouveau à visiter à Nancy.

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