C’est d’un artiste aux influences mêlées, comme ses belles origines, dont nous allons parler aujourd’hui. Thomas Bastide est basque par son père, suédois par sa mère. Deux origines opposées et qui sont, de toute évidence, des moteurs assumés depuis le début de sa carrière. Découvrons ensemble sa biographie d'artiste ...
Une carrière qui a commencé très jeunes, d’abord au contact des maîtres verriers scandinaves pour se poursuivre sur les bancs de l’école supérieure des Arts Graphiques de Paris notamment comme nous allons y revenir, avant d’atteindre les sommets de la reconnaissance d’un milieu en pleine effervescence.
Aujourd’hui, Thomas Bastide est l’un des designers industriels les plus reconnus dans le monde entier.
Son amour pour les matériaux précieux, son plaisir à jouer avec les lois de la transparence et de la brillance, ses nombreux partenariats avec des entreprises venues d’horizons complètement différents, sa volonté de toujours surprendre son monde avec des créations parfois inattendues, mais aussi sa grande passion pour les motos, véhicule sur lequel il se déplace la plus grande partie du temps…
N’attendez plus pour vous jeter sur les lignes qui suivent et découvrir la trajectoire surprenante de Thomas Bastide, un créateur et designer qui a plus d’un tour dans son sac.
Thomas Bastide : un designer et sculpteur bien dans son époque :
Notre homme est né en 1954, un an après sa sœur Anika.
Il est le fils de François-Régis Bastide, célèbre écrivain, diplomate, éditeur et animateur de radio français. On lui doit, entre autres, des romans comme L’Homme au désir d’amour lointain ou encore La Vie rêvée paru en 1962, mais aussi des essais tel que Saint-Simon par lui-même publié en 1953.
Par sa mère, l’artiste peintre Monica Sjöholm, Thomas Bastide tient des origines venues du froid, de la Suède plus précisément.
Une grande terre de création, notamment dans le monde de la verrerie, qui va rapidement inspirer Thomas Bastide.
Très vite, ces racines nordiques seront à l’origine de sa passion pour les maîtres verriers scandinaves, mais pas seulement. Le jeune Thomas va se prendre de passion pour la création scandinave avant, petit à petit, d’aller jeter un œil sur tout ce qui a pu se faire ailleurs sur le continent européen.
En parallèle, comme une conclusion à la naissance de sa passion pour la création, Thomas Bastide se rêve à travailler dans le monde du design industriel où il espère déjà pouvoir faire carrière. Ce sera le rêve de sa vie !
Petit à petit, après un parcours scolaire couronné de succès, il se retrouve à intégrer l’école supérieure des Arts Graphiques de Paris puis l’Ensaama (École Nationale Supérieure des Arts Appliqués et des Métiers d’Art), l’École des Arts Graphiques de Penninghen toujours à Paris, tout cela avant d’atterrir du côté des États-Unis à l’École du verre de Seattle, prestigieuse école s’il en est.
Un parcours ambitieux pour un jeune créateur qui, déjà, fait parler de lui à chaque endroit où il pose les pieds.
Très vite, Thomas Bastide va se retrouver confronté à différents travails de création qui vont lui permettre de s’aguerrir sur des terrains multiples.
Dessins, réalisation de maquettes, plâtres, créations en bois, sculptures faites à partir de résine…
Son imagination sans frontière le pousse à aller vers des réalisations toujours plus exigeantes en utilisant des matériaux parfois surprenants. Pourtant, et malgré les nombreuses opportunités offertes par tout ce qu’il a appris sur les bancs de l’école, Thomas Bastide reste un homme de terrain, un amoureux du design industriel, le domaine dans lequel il a toujours voulu percer et faire carrière.
Pour lui, un objet même extrêmement beau et séduisant doit toujours rester pratique et avoir une utilité propre. Il ne conçoit pas qu’un objet ne puisse servir qu’à être regardé, c’est peut-être une hantise pour lui.
Son rêve secret n’a pas varié : diriger une usine. Un rêve qu’il a pu continuer d’entretenir à l’issue de ses études, lors d’une première expérience professionnelle au contact de Raymond Loewy, celui qui est considéré comme le père du design industriel, né en 1893 à Paris et malheureusement disparu en 1986 du côté de Monaco.
Si nous devions retenir un matériau qui a marqué la carrière de Thomas Bastide et continue de la marquer, ce serait bel et bien le verre.
Avec ce matériau, le créateur a réussi à donner libre cours à toutes ses envies, sans pour autant sombrer dans les excès du clinquant ou du luxueux. Un savant équilibre qui l’a guidé tout au long de sa carrière, avec des collaborations prestigieuses réalisées dans le domaine du verre et de l’orfèvrerie (Claude Dozorme, Ercuis, Forge de Laguiole, etc.) comme nous allons y revenir.
Déjà à l’époque, plusieurs de ses formateurs voient en lui un créateur de talent, assurément promis à une belle carrière. Et, comme nous allons le voir dans les lignes qui suivent, ils ne s’y sont pas trompés…
Baccarat, le tournant d’une carrière :
Thomas Bastide est un créateur hors-pair, jamais à court d’idées nouvelles à réaliser et de projets à mettre en œuvre.
N’hésitez pas à jeter un œil sur toutes ses créations pour bien comprendre la polyvalence de ce créateur hors du commun.
Il suffit de regarder son tableau de chasse depuis ses 30 dernières années pour se rendre compte de la créativité à toute épreuve de notre homme : plus de 1 200 créations réalisées pour le seul compte des cristalleries de Baccarat, un record en la matière !
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10.8x9xcm
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25x18x11cm
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22xxcm
Mais il faut aussi parler des collaborations diverses et variées avec près de 50 grandes marques différentes dont l’orfèvre Christofle, le sellier Hermès ou le cognassier Hennessy, pour ne citer que ces immenses entreprises dont la renommée n’est plus à faire en France mais également dans le reste du monde.
Mais avant d’aller découvrir ces collaborations dans la suite de cet article, arrêtons-nous sur la collaboration qui s’inscrit comme la véritable colonne vertébrale de l’œuvre de Thomas Bastide : son travail avec la cristallerie Baccarat.
C’est en 1981 que tout commence. Thomas Bastide pose les premières pierres de sa carrière qu’il espère longue et couronnée de succès.
À cette époque, il est alors membre de l’agence de design du grand Raymond Loewy, une véritable consécration pour celui qui était encore étudiant il y a quelques mois.
Il est vu et repéré par la cristallerie Baccarat comme l’homme de la situation pour relancer la machine.
Comme l’a confié l’artiste dans un entretien :
« Stéphane Rosé, le directeur général de l'époque, souhaitait impulser une nouvelle dynamique pour accélérer le basculement de la cristallerie dans le XXème siècle et je l'y ai aidé en prenant la tête de la direction artistique »
Thomas Bastide Tweet
Il est appelé pour être à la tête d’une cellule de création interne, une sorte de carte blanche artistique où il pourrait faire parler tout son sens de la création en profitant des matériaux d’exception proposés par Baccarat.
C’est un véritable honneur pour un créateur encore jeune et qui, de toute évidence, saura rapidement faire ses preuves pour justifier la confiance qui a été placée en lui.
Ni une, ni deux, Thomas Bastide accepte la proposition et le voilà parti pour une aventure qui va bouleverser sa carrière de créateur et de designer.
Thomas Bastide va alors mettre sur pied près de 1 200 pièces différentes, un record pour une collaboration qui a fêté ses 30 ans d’existence en 2012.
Imaginez seulement la créativité qui est nécessaire pour faire émerger 1 200 pièces différentes, dans des registres de création très différents. En y regardant de près, difficile de ne pas constater l’omniprésence du verre et du cristal dans la réalisation de ses créations.
En soi, c’est bien la marque de fabrique de Baccarat dans laquelle l’artiste a pu développer tous ses talents et laisser libre cours à son imagination débordante.
Dans la gamme d’objets inventés et conçus par Thomas Bastide, on retrouve des objets divers et variés : des verres, des vases, des bougeoirs, des bijoux, des coupes, des reproductions d’animaux, des meubles, des luminaires, etc. La liste est encore longue !
Fidèle à l’objectif qu’il poursuit depuis le début de sa carrière, Thomas Bastide s’oriente vers des objets modernes, où se multiplient les jeux de transparence et de brillance, mais cela sans jamais perdre de vue l’aspect pratique de chaque objet, qu’il s’agisse d’un verre ou d’un bougeoir en passant par ses vases.
Des vases qu’il a voulu fidèles à la tradition créative marquée au sein de la verrerie et de la cristallerie française dont il est l’héritier, d’une certaine manière, avec cette collaboration avec Baccarat.
En somme, une volonté forte mais qui n’a jamais empêché Thomas Bastide d’aller parfois vers des objets plus décalés et inventifs, à l’image de ses vases à trous ou à spirales, ou encore de ses carafes et ses verres penchés.
Hennessy, des couteaux Laguiole, Odiot… Thomas Bastide, un homme d’aventures :
Comme nous l’avons abordé précédemment dans cet article, Thomas Bastide a brillé au cours de sa collaboration avec la cristallerie Baccarat, mais pas seulement !
On retrouve son nom aux côtés de nombreuses autres grandes entreprises dans des collaborations qui ont donné naissance à des objets d’exception comme nous allons le voir tout de suite.
Vous vous en doutez, difficile pour nous de parler de toutes ces collaborations alors que l’on en compte près de 50.
Découvrons ensemble les plus marquantes.
Première grande entreprise française, connue à travers le monde, dont nous allons parler dans cette partie de l’article, la Forge de Laguiole.
Célèbre pour ses créations dans le monde de la coutellerie, la Forge de Laguiole fait appel à Thomas Bastide pour concevoir un couteau pliant qui pourrait sortir de l’ordinaire de la marque.
Fidèle à ses ambitions alliant esthétique et praticité, Thomas Bastide va inventer le couteau « Dandy ».
Un couteau très stylisé, au manche sombre jouant avec les contrastes, un manche surmonté d’une lame élancée du plus bel effet.
Proposé comme un vrai « bijou de poche », ce couteau pliant se démarque aussi par la présence de deux cabochons rouges au niveau de la jonction entre la lame et le manche. Deux cabochons réalisés en cristal irisé et qui, quand on les regarde du dessus, donnent l’impression de regarder un œil. Un effet déconcertant de réalisme !
Autre entreprise dont il est impossible ou presque d’évoquer le partenariat avec Thomas Bastide : le cognassier Hennessy.
Cette entreprise, dont le siège social est encore situé dans la jolie ville de Cognac en France, a été fondée en 1765 à l’initiative de l’officier militaire irlandais Richard Hennessy.
Hennessy est actuellement l’entreprise qui fabrique et exporte la plus grande quantité de cognac dans le monde entier. Désireuse d’entretenir son rayonnement international, le cognassier n’a pas hésité longtemps à faire appel aux services de Thomas Bastide.
Le résultat de cette collaboration : un sublime verre X.O. Cognac, très contemporain. Là encore, Thomas Bastide donne à sa création une grande originalité en travaillant sur un verre bombé, aux volumes surprenants.
Pour les amoureux de cognac, ce verre est idéal pour déguster un bon Hennessy avec de la glace, en savourant les subtils arômes de l’alcool, des arômes mis en évidence grâce à la forme de ce verre d’exception. Pour l’anecdote, ce n’est pas la première fois que Thomas Bastide et le cognassier Hennessy travaillent mais dans la main.
En 1999, à l’occasion de la sortie d’un cognac d’exception baptisé Timeless, un cognac vendu en seulement 2 000 exemplaires pour une mise à prix initiale de 18 000 francs, Hennessy avait fait appel à la cristallerie Baccarat pour dessiner le flacon.
C’est alors Thomas Bastide, designer de la cristallerie à ce moment-là, qui avait la charge de ce travail de création qui avait donné naissance à un flacon sous forme d’une carafe grandement inspirée des rondeurs du galet poli par le temps. Une carafe légèrement inclinée, à l’image des célèbres carafes imaginées par le créateur pour le compte de la cristallerie Baccarat.
Christofle, Ercuis, Odiot, Lampe-Berger, Kostka, Bleu-Nature, Lagostina, Claude Dozorme, Star Bay… On pourrait encore passer de très nombreuses lignes à évoquer les collaborations de Thomas Bastide avec les grandes marques de ce monde. En effet, déjà très célèbre en France et en Europe, Thomas Bastide ne s’est jamais contenté des frontières du continent pour faire parler de lui, allant jusqu’à entretenir des collaborations de renom au Japon, aux États-Unis, etc.
Encore aujourd’hui, le nom de Thomas Bastide résonne fortement dans le monde du design industriel. Au fil des années, au fur et à mesure de ses nombreuses réalisations, le créateur et designer a su s’imposer comme une référence en la matière, un artiste qui n’a jamais perdu de vue son objectif initial d’allier la praticité d’un objet avec sa valeur esthétique. Nul doute que notre homme, encore en activité aujourd’hui, devrait continuer à nous surprendre avec des créations toujours plus originale, surprenantes et bien dans l’ère du temps.