Si l’exposition universelle de 1889 a vu le triomphe du fer et de la céramique, celle de 1900 consacre le règle du fer et du verre. Les architectes font la démonstration des multiples applications que ce dernier peut trouver dans la construction.
Parmi les attractions les plus prisées de la manifestation figure le Palais des Illusions ou Salle des Glaces. Situé entre la Salle des Fêtes et le Palais de l’Électricité, le Palais des Illusions est une vaste pièce hexagonale entièrement tapissée de miroirs fabriqués par la manufacture de glaces de Saint-Gobain.
En entrant dans ce lieu magique, le spectateur perd tout sentiment de la réalité. Le jury de l’exposition apprécie les avancées technologiques de cette réalisation qui « fait sortir du domaine de l’hypothèse, du rêve, l’emploi du verre tant prôné par les poètes, par les philosophes, et enfin par les amateurs et les producteurs de verre ».
Plusieurs cristalleries participent à l’Exposition universelle de 1900. La cristallerie de Sèvres, hors concours, est distinguée en particulier pour les cristaux blanc qui garnissent les candélabres de bronze du pont Alexandre III.
Celle de Pantin obtient un grand prix, ses produits, remarquables par leur blancheur, leur éclat, sont très appréciés du rapporteur de la classe 73 (Cristaux et verrerie).
Récompensée d’une médaille d’or, la cristallerie de Choisy-le-Roi s’illustre dans la fabrication de services de table, dont quelques-uns de pur style Empire, elle propose aussi différentes pièces Art nouveau.
Baccarat n’est pas citée dans la liste des cristalleries présentes. Son absence est regrettée par le critique Roger Marx, qui vante la qualité de la gobeleterie anglaise.
Le Grand Dépôt, qui n’est pas un fabricant mais un revendeur de céramiques et de cristaux, expose cependant une pièce exceptionnelle dont Baccarat a assuré l’exécution. En forme de nef, elle repose sur un socle en cristal moulé et retaillé, et comporte des ornements en bronze doré et ciselé. Le sculpteur Cornu a dessiné le modèle de cet immense bateau en cristal dont la forme rappelle celui figurant sur le blason de la municipalité parisienne.
Cette pièce est actuellement en exposition au Musée Baccarat. En savoir plus sur le Musée Baccarat ?
En 1900, la cristallerie Baccarat emploie 2223 personnes, dont 740 femmes, et réalise un chiffre d’affaires de 7 250 000 francs. ces résultats dénotent une très nette progression par rapport aux années précédentes : la production s’est ainsi accrue de plus d’un cinquième en valeur, depuis 1878.
La manufacture loge gratuitement les ouvriers verriers dans l’enceinte de l’usine. Elle met à disposition une crèche, où les enfants sont admis dès l’âge de six semaines, et entretient à ses frais des écoles primaires, libres et gratuites. La journée de travail débute le matin à 7 heures et se termine à 6 heures l’hiver. La nuit, un personnel réduit est occupé à la surveillance et à l’alimentation des fours. Le dimanche est chômé.
L’excellence de sa politique sociale vaut à Baccarat de remporter une médaille d’argent à l’Exposition universelle de 1900. Déjà en 1867 et en 1889, elle avait été distinguée pour ses institutions ouvrières.
Sources : Baccarat, la légende du cristal – Paris Musées – Michaela Lerch, Dominique Morel
